Quelques extraits significatifs de « CONVERSATIONS CROISÉES »…

28 - Septembre - 2023

Ce projet de livre est né dune série dentretiens entre Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre sénégalais et président du parti « Alliance pour la Citoyenneté et le Travail », et Ibrahima Thiam, président du mouvement politique dopposition « Autre Avenir ». Leurs échanges nous ont paru à ce point intéressants que nous leur avons proposé de les réunir dans un ouvrage à destination du grand public, ce quils ont accepté spontanément.

 Aïda Édition est fière de vous présenter en avant première quelques bonnes feuilles de ce livre, appelé à contribuer au débat public indispensable à la veille de l’élection présidentielle de février 2024.

 Chapitre 1 :  Qui est vraiment Abdoul Mbaye ?

 Beaucoup de Sénégalais ont déjà entendu parler dAbdoul Mbaye, mais peu de personnes savent vraiment qui il est et ce quil a fait durant sa carrière. Il est entré en politique, comme « on entre en religion », en 2016, il y a donc peu de temps. Et il a créé un parti parce quil estimait ne pas pouvoir se contenter d’être un spectateur de la vie publique et de la manière dont le Sénégal était géré. Il considérait quil devait pouvoir critiquer ce qui nallait pas et proposer des solutions pour que ça aille mieux. Il considérait également que la manière de faire de la politique telle quil lobservait détruisait les valeurs auxquelles il est attaché et napportait pas le progrès suffisant aux populations, alors quil enrichissait les politiciens au Sénégal (extrait).

 Chapitre 6 : La souveraineté nationale, un enjeu majeur

 Ibrahima Thiam - À nen pas douter, la notion de souveraineté est importante pour tous les pays de la planète, et notamment pour le Sénégal. Je sais que tu y es très attaché, il en va de même pour moi, et elle mérite plus que jamais notre attention. Pour ce qui me concerne, la souveraineté nationale ne signifie pas une méfiance à l’égard de nos alliés, cela ne signifie pas davantage un quelconque sentiment anti-français que certains aimeraient voir exacerbé, mais bien la reconnaissance de notre indépendance, pleine et entière, dans tous les domaines, lexclusion de toute ingérence étrangère. Lexigence de souveraineté nationale ne signifie donc pas le refus de toute coopération extérieure, dès lors quelle est parfaitement maîtrisée et que nos partenaires lacceptent sans arrière-pensée, dans un respect mutuel.(extrait)

 Abdoul Mbaye - Tu as raison et nous avons là un sujet capital sur lequel débattre. Notre proximité, jallais dire notre complicité politique, nexclut pas des différences danalyse, de point de vue sur telle et telle question. Nous avons un parcours différent, une expérience politique et culturelle différente, et les mouvements politiques que nous dirigeons toi et moi ont leur singularité propre. Cest dailleurs cette diversité qui fait notre richesse. Au demeurant, « différence » ne signifie pas « divergence », mais au contraire complémentarité. Dans lengagement qui est le mien, je tiens à préciser que je mets le Sénégalais avant tout. Dans mon programme en vue des élections de février 2024, aussi bien en ce qui concerne les questions économiques que sociales, mon objectif peut se résumer à ce slogan : « le Sénégalais dabord ». (extrait)

 Chapitre 7 : Des institutions fortes pour une démocratie forte

 Ibrahima Thiam - La constitution est pour chaque pays la loi suprême, celle des États-Unis existe depuis 1787 et na pas changé depuis lors, en France la constitution de la Ve République date de 1958, et en soixante-quatre ans elle a été modifiée à vingt-quatre reprises. Autrement dit les révisions constitutionnelles sont habituelles en démocratie, ce qui nempêche pas quau Sénégal on reproche à Macky Sall davoir plusieurs fois changé notre constitution ; a-t-on tort, ou raison, selon toi ?

 Abdoul Mbaye - La grande différence entre les situations auxquelles tu fais référence et le Sénégal est que chaque fois Macky Sall a révisé notre constitution à son seul profit, par exemple en introduisant la notion de parrainages pour les élections présidentielles afin d’éliminer une majorité de concurrents.

 Ibrahima Thiam - Est-ce que selon toi notre constitution doit être gravée dans le marbre, de ce fait  être intangible, ou au contraire ne doit-elle pas pouvoir être modifiée selon les circonstances, un peu comme une langue vivante doit accepter de nouveaux mots dans son vocabulaire afin d’éviter de dépérir et de devenir une langue morte ?

 Abdoul Mbaye - Certes, il peut y avoir au cours de son existence des événements qui conduisent à une nécessaire évolution de certaines dispositions devenues inadaptées ou demandant précisions. Les meilleurs constitutionnalistes du monde ne sont pas des juristes de science-fiction et il leur est difficile, voire impossible, dimaginer, danticiper l’évolution des mœurs politiques, sociales, économiques dans un monde en perpétuel changement. Cest pourquoi la révision de la constitution reste toujours possible dès lors que les parlementaires, qui sont les représentants du peuple, y sont associés et sont daccord, ou lorsque le peuple en décide par référendum après une bonne campagne explicative. Limportant est de ne pas toucher aux grands principes fondateurs, car sinon on change de république. Tu évoquais la situation française il y a un instant. Aujourdhui un débat agite la société française sur le maintien ou le changement de lactuelle constitution voulue par le général de Gaulle à son arrivée au pouvoir en 1958. Il avait, ce faisant, voulu corriger linstabilité endémique de la IVe République, et en même temps ses juristes, dont Michel Debré, son futur Premier ministre, ont façonné un texte à sa mesure comme un tailleur fabrique un costume sur mesure. Un de ses principaux opposants politiques, François Mitterrand, qui avait écrit Le Coup d’État permanent a dénoncé cette constitution qui selon lui faisait du chef de l’État un « monarque présidentiel », mais lorsquen 1981 il est arrivé, à son tour, au pouvoir, il sest bien gardé de la réformer. En revanche, il y a aujourdhui dans les rangs de la Nupes, lun des partis dopposition à Emmanuel Macron, avec à sa tête Jean-Luc Mélenchon qui souhaite passer à une VIe République. Agissent-ils, ce faisant, dans lintérêt du peuple français, ou dans leur propre intérêt ? Ce nest pas à moi de le dire, mais toute la question est là : agit-on pour son bien personnel, ou pour le bien public ? Un homme d’État digne de ce nom doit servir son pays et non se servir de lui, il en va de même de la constitution qui ne doit pas devenir un sujet de marchandage. Cest trop sérieux pour cela. Un État de droit ne tient que par sa constitution, et cest le rôle dune Cour ou dun Conseil constitutionnel, ou dune Cour suprême en dautres cieux, dy veiller, car telle est leur mission. (extrait)

 Chapitre 9 : État laïc et société multiconfessionnelle

 Ibrahima Thiam - Le Sénégal apporte la preuve quon peut à la fois être un État laïc, républicain et accueillant pour les religions, toutes les religions. Le Sénégal est en effet majoritairement musulman, mais compte une présence significative du christianisme et dautres religions traditionnelles africaines. Toi-même, Abdoul, tu as souvent dit que tu étais profondément religieux et en même temps tu veilles en permanence à bien séparer le pouvoir spirituel du pouvoir temporel.

 Abdoul Mbaye - Cest très juste, Ibrahima. De même quune démocratie digne de ce nom sépare le pouvoir exécutif du législatif et du judiciaire. Cest la grande force de notre pays que de permettre cette coexistence religieuse harmonieuse sans quil ny ait jamais de confusion et par voie de conséquence de conflits. Il y a chez nous une forme de tolérance et de respect mutuel que beaucoup de pays, en Afrique ou ailleurs, nous envient, ce qui ne veut pas dire quil nexiste pas le moindre risque de tension. Je pense ainsi quil nous faut être vigilants face à la possible montée dun islam radical ou plus simplement exclusif, et prévenir lextrémisme religieux. Nous avons aussi le développement des Églises évangéliques qui suscite certaines controverses au risque de perturber un équilibre religieux traditionnel auquel nous sommes très attachés. (extrait)

 Découvrez la suite de cet ouvrage passionnant de 412 pages au prix de 9800 CFA. Vous pouvez le pré-commander dès maintenant à la librairie de Clairafrique à Dakar avant sa sortie à la Fnac et sur Amazon le 25 octobre 2023.

 L’éditeur 

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