En juin 1940, des milliers de combattants africains ont été assassinés en France par l'armée allemande

19 - Juin - 2020

En juin 1940, au moment du Blitzkrieg ("guerre éclair") allemand et de la débâcle française, plusieurs milliers de militaires africains ont été massacrés par la Wehrmacht en Bourgogne, en région lyonnaise et en Picardie. Des actes notamment motivés par l’idéologie raciste hitlérienne et étudiés par les historiens depuis une vingtaine d’années.

Près de 180 000 soldats venus des colonies africaines de la France, ceux que l’on appellait les "tirailleurs sénégalais" (mais qui venaient aussi d’autres pays d’Afrique de l’Ouest et centrale), sont alors mobilisés sur le front. Ces tirailleurs se battent avec un grand courage et sont engagés dans des combats très durs. "Dans un lieu aussi emblématique que Verdun, ce sont 6 000 soldats coloniaux français qui repoussent 45 000 Allemands les 13 et 14 juin 1940", observe le livre Des soldats noirs face au Reich : les massacres racistes de 1940 (sous la direction de Johann Chapoutot et Jean Vigreux, PUF).

A la fin des combats, entre 1 500 et 3 000 de ces hommes sont massacrés par les Allemands, selon le chercheur allemand Raffael Scheck (auteur de Une saison noire. Les massacres de tirailleurs sénégalais. Mai-juin 1940). "Les exécutions eurent lieu lors de la deuxième partie de l'offensive durant le mois de juin en Picardie, au nord de Lyon ou encore en Bourgogne. La plupart de ces actes barbares prirent la même forme : les prisonniers noirs étaient séparés des Blancs avant d’être fusillés à l'écart", précise un article de Slate qui fait le compte-rendu d’un colloque d’historiens consacré à cette question en novembre 2011. Certains de leurs officiers métropolitains ont également été assassinés pour avoir tenté de les défendre.

Massacres en série

Parmi ces tueries, on peut ainsi citer celui du bois d'Eraine, dans la commune de Cressonsacq (Oise). A l'issue de durs combats, 66 Africains (le chiffre est incertain) y auraient été assassinés le 10 ou 11 juin 1940, ainsi que huit de leurs supérieurs métropolitains. Selon le témoignage d’un sergent cité par le site fusilles-40-44, un officier allemand se serait adressé aux prisonniers africains. Il leur aurait alors dit, "tenant un coupe-coupe, l’arme individuelle des tirailleurs : 'C’est ça votre guerre, salauds', en bon francais". Les Blancs sont alors "emmenés vers les bâtiments (d’une) ferme et les Africains dans une autre direction", poursuit le site…

En Bourgogne, "plusieurs ( …) massacres ont (…) eu lieu dans la région, vers Châtillon-sur-Seine, et le plus important à Clamecy", rapporte france3-bourgogne franche-comté. Dans cette commune de la Nièvre, 44 tirailleurs sénégalais ont été abattus par la Wehrmacht le 18 juin, jour du fameux appel du général de Gaulle. Les soldats allemands ont prétendu, "pour justifier leur acte", que l’un des tirailleurs aurait mordu un officier SS… Cette "légende (colle) parfaitement avec le stéréotype du sauvage véhiculé dans l'idéologie raciste nazie", commente Jean Vigreux, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bourgogne Franche-Comté, dans Le Journal du Centre.

Autre exemple, le massacre de Chasselay (Rhône), commis les 19 et 20 juin 1940 : 188 tirailleurs subsahariens (majoritairement sénégalais), six nord-africains et deux légionnaires russe et albanais, sont abattus, dénombre Le Monde. Les combats ont été rudes. Les Allemands organisent une chasse à l’homme. "Certains corps sont aspergés d’essence et brûlés. Des prisonniers sont exhibés comme des trophées, attachés à l’avant de chars." Plusieurs habitants viennent en aide aux malheureux.

Racisme idéologique

Alors qu’Hitler évoquait une France "négrifiée" et que les unions mixtes étaient interdites outre-Rhin depuis les lois de Nuremberg en 1935, ces massacres se nourrissent évidemment du racisme officiel du national-socialisme. Lequel a intégré "de nombreux éléments de l’idéologie raciale européenne construite au XIXe siècle".

Mais le comportement des Allemands vis-à-vis des Noirs en France est également lié à l’Histoire. Des chercheurs comme Raffael Scheck évoquent ainsi le souvenir de la Première guerre mondiale. Dans les tranchées, l’armée du Reich accusait les soldats africains "de mutiler leurs ennemis avec un coupe-coupe, arme réglementaire qui faisait partie de leur paquetage" (Le Monde). Pas étonnant alors que l’on trouve en 1940 dans le journal nazi Illustrierter Beobachter (cité par Jean Vigreux) l’affirmation selon laquelle les militaires coloniaux "ont été incapables de sauver la France de la défaite". "En plus de leurs armes réglementaires, les soldats coloniaux français étaient armés de machettes pour se livrer à leurs instincts bestiaux sur les blessés", affirme le journal.

Un autre historien, Johann Chapoutot, rappelle (dans Slate) le "ressentiment, à la fois outré et haineux" provoqué par l’armée française lors de l’occupation de la Ruhr en 1923. Une occupation qui intervenait après celle de la Rhénanie au sortir de la Première guerre mondiale. A l’époque, ce ne sont pas les Français en général, "mais les soldats noirs issus de l'Empire français qui sont 'accusés d'exactions massives'" (Marianne). "Les 'bâtards rhénans', enfants nés (à cette époque de quelques, NDLR) viols ou de liaisons mixtes, furent victimes d’une intense campagne de propagande dès 1933", année de l'arrivée au pouvoir de Hitler, rappelle Slate. Une propagande tournée contre la schwarze Schande, la "honte noire"...

Rien d'étonnant, donc, qu'une note de service émanant du cabinet du général Heinz Guderian, l'un des responsables de l'offensive contre la France, donne aux troupes l'instruction suivante : "Il est établi que des soldats français coloniaux ont mutilé de façon bestiale des blessés allemands. Envers ces soldats indigènes, toute bienveillance serait une erreur. (...) Ils sont à traiter avec la plus grande rigueur" (cité dans l'ouvrage Les tirailleurs sénégalais en Afrique occidentale française, 1857-1960 de l'historien Myron J. Echenberg, Crepos-Karthala). Une instruction visiblement suivie...

Laurent Ribadeau Dumas FRANCEINFO

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